Les terres rares et l’environnement

lutecium
Lutetium

Les terres rares, de quoi s’agit-il?  Tout d’abord, ce n’est pas de la terre et ce n’est pas rare.  Alors? 

Elles ont été découvertes à la fin du 18ème  siècle.  À ce moment, on appelait les minéraux « terres«  et comme  il était difficile de séparer ces minéraux les uns des autres,  on les a appelés terres rares.

Quels sont ces minéraux et à quoi servent-ils?

Les terres rares regroupent 17 éléments chimiques et sont divisés en deux groupes, les terres rares légères ou terres rares lourdes.

Flacons contenant des terres rares utilisées pour la coloration dans l’industrie textile

 (Plus le nombre atomique est élevé et plus l’élément sera lourd….Les terres rares légères ont une concentration plus élevée dans de nombreux gisements. A l’inverse, la séparation des terres rares lourdes est plus complexe et coûteuse.)

https://www.brgm.fr/sites/default/files/dossier-actu_terres-rares.pdf
Mine à ciel ouvert pour l’exploitation des terres rares.

Il s’agit de dysprosium, europium, lutécium, terbium, yttrium, cérium, scandium, samarium, néodyme, etc.

Ces matériaux sont reconnus pour leur haute conductivité thermique et électrique, leur magnétisme, leur luminosité de même que leurs propriétés catalytiques et optiques.

terbium
Terbium

Ces matériaux dont on entend encore très peu parler, sont devenus un enjeu économique et environnemental très important à travers le monde.

Économique parce qu’on retrouve ces matériaux dans tout ce qui relève de la haute technologie. On les retrouve dans les aimants dont on se sert entre autre dans les éoliennes, il y en a une quantité dans nos
cellulaires, nos écrans de télévisions, dans les voitures électriques, les radars, les fluorescents, les lampes DEL, les ordinateurs, en métallurgie, en radiographie, en aérospatiale et à plein d’autres  endroits encore.

Environnementaleparce que, extraire du sol ces minéraux,  les séparer et les purifier, demande une technologie très pointue, une consommation très importante d’énergie et l’utilisation de produits chimiques  qui sont ensuite déversés dans la nature.

De plus, l’utilisation grandissante de produits contenant des terres rares nous met peut-être en danger.

https://www.lesoleil.com/actualite/science/terres-rares-la-grande-inconnue-environnementale e18736f5d2e2fc9c18e3396ad8e6309a

terres rares
De Wikipédia
image usage
Utilisations des terres rares

Parlons de l’enjeu économique mondial des terres rares, un peu d’histoire.

Découvert vers la fin des années 1780, c’est en Europe que furent développées les techniques de séparation au début du 19ème siècle.   La société Rhodia crée à La Rochelle, la plus grande usine de séparation des terres rares.

Par la suite, d’autres pays s’y sont intéressés. Notamment les États-Unis, la Chine, le Brésil, le Viêtnam, la
Russie, l’Inde et l’Australie. L’Afrique du Sud entre en jeu dans les années ’50 et devient le principal producteur de terres rares.

Depuis, les conséquences environnementales de l’extraction et du raffinage des terres rares, ont forcé la fermeture de la plupart des exploitations dans les pays développés. (Wikipédia)

La Chine cependant ne cesse ni l’exploitation ni le raffinage et obtient, de ce fait, le monopole mondial (soit 80% du marché) sur ces minerais dont la demande ne cesse de croitre.  Elle impose les quotas et l’embargo sur cette ressource,  et s’en sert également comme levier de pression contre d’autres pays comme elle l’a
fait en 2010 avec le Japon.

Dans la « guerre économique«  que se livre actuellement la Chine et les États-Unis, les terres rares deviennent une arme puissante.

D’autres pays tentent d’ouvrir des mines mais de l’ouverture d’une mine à son exploitation il faut compter environ 25 ans.  Et ceci se fait dans la contestation des résidents et des groupes environnementaux.

Partout  les industries minières font des recherches et des études de prospection et d’impact sur l’environnement dans la plus grande discrétion, car les populations rejettent en bloc tout risque relié à
l’exploitation des terres rares.

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Pourquoi les terres rares sont-elles un désastre environnemental?

Il est difficile d’aller chercher les terres rares car ces minéraux se retrouvent en petite quantité à l’intérieur d’autres matériaux comme les pierres, les roches.

Pour les séparer, il faut creuser dans des mines à ciel ouvert, puis utiliser des produits chimiques, des solvants et des acides forts ainsi que de grande quantité d’eau et d’énergie.

Les résidus, les déchets qui en résultent contiennent des éléments radioactifs comme l’uranium et le thorium et tout cela est laissé sur place.

La Chine qui détient le monopole des terres rares, paie un prix élevé avec des terres polluées,  des eaux souterraines contaminées par les produits chimiques et de l’air saturée de poussières toxiques.  En Mongolie intérieure, le taux de cancer explose chez les résidents en périphérie des mines de terres rares.

Le Québec n’est pas en reste, en effet plusieurs projets d’exploitation sont en cours dans notre belle province.  Les compagnies minières nous assurent prendre toutes les précautions nécessaires.  Mais quelles sont ces solutions?

https://www.quebecscience.qc.ca/technologie/terres-rares-la-nouvelle-manne-de-lindustrie-miniere/
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Mine de terres rares du lac Strange au nord du Québec, près du Labrador

Voici quelques projets d’exploitation de terres rares au Québec :

Lac Brisson au Nunavik, Kipawa au Témiscamingue, le gisement de Niocan à Oka, la mine Niobec au Saguenay, en Abitibi et la Fosse du Labrador, sur la Côte-Nord au nord-est de Sept-Îles, et dans les Laurentides.

Le Canada, quant à lui, bien qu’il ne soit pas parmi les producteurs de terres rares, a de nombreux projets d’exploitation et possède certaines des plus importantes réserves et ressources connues de ces métaux.

Dans un article du journal Les Affaires, en janvier 2020 on peut apprendre que le Canada et les États-Unis projettent la création d’usines d’exploitation, de transformation et de création d’alliage (du côté du Canada) et la fabrication de composants de pointe et la production de biens finis (côté des États-Unis).

On ne parle pas dans cet article des problèmes environnementaux dus à l’extraction et à la transformation auxquels s’expose le Canada.   Pas plus du fait que le Canada envoie ses minéraux aux États-Unis qui vont produire des composants de pointe et des biens finis et nous les revendre.  Ce sont des questions qu’on doit se poser en tant que citoyens.

Cependant, ces projets sont déposés pour étude dans les ministères concernés comme le
Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques au Québec et à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale au Canada.

Un autre point encore à l’étude, dans un article paru cette fois dans Le Soleil, serait la toxicité de ces métaux dans notre organisme.

On dit de la plupart des métaux qu’ils ne sont pas bio disponibles, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas empoissonner les organismes.  On croit, aujourd’hui que certains de ces métaux comme le lanthane et le
platine échapperaient à cette règle.

https://www.lesoleil.com/actualite/science/terres-rares-la-grande-inconnue-environnementale-e18736f5d2e2fc9c18e3396ad8e6309a

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